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INFO TECHNIQUE : Combattre les insectes des denrées stockées

INFO TECHNIQUE : Combattre les insectes des denrées stockées

Cette catégorie d’insectes se retrouve dans les industries alimentaires, les minoteries, les entrepôts et même en fin de chaîne chez le consommateur final! Ils infestent les céréales,
la farine, les aliments secs, et causent de lourdes pertes sur les stocks de marchandises ainsi que sur la qualité sanitaire des denrées. Rappels essentiels!​

Mite alimentaire, charançon, tribolium, vrillette, silvain… ces espèces appartiennent à ce que l’on appelle les  insectes des produits stockés (IPS) car il s’attaquent aux denrées entreposés (brutes ou transformées), et de manière massive si les conditions sont favorables. Près de 1000 espèces sont recensées au niveau mondial. On les regroupe principalement en 2 ordres : les coléoptères (majoritairement rampants) et les lépidoptères (petit papillon). ​

Il faut absolument retenir que le contrôle de ces insectes nécessite de bien connaître leur cycle de développement car généralement c’est la larve (ver-asticot) qui se nourrit abondamment et contamine les stocks. Tuer les adultes seuls, sans traiter les larves en cours de croissance,  ne calmera l’infestation que pour quelques petites semaines! ​

Ces insectes peuvent être des ravageurs primaires, c’est-à-dire que la forme larvaire se développe à l’intérieur du grain et y réalise sa métamorphose avant de ressortir à l’état final adulte, ou des ravageurs secondaires en dégradant l’extérieur des grains abîmés ou directement les produits transformés (pâtes, farine, gâteaux…).​

Ensuite, il est important de bien comprendre que ces nuisibles ne viennent pas de « l’extérieur » ou des champs agricoles, mais bien de l’intérieur du site industriel : soit dans les installations techniques, soit dans les sacs de matières premières reçues de la part des fournisseurs.​

 

Les moisissures attirent les prédateurs des grains stockés
L’organisme de stockage des grains entreposés    (blé, mais, orge) doit prévenir le risque de moisissures. En effet, moins le grain respire (cas du stockage à plat non ventilé par exemple), plus il s’échauffe, s’expose à la germination, perd en qualité et court le risque de moisissures. Les moisissures dégradent le grain et attirent les IPS (insectes des denrées stockées) qui attaqueront bien souvent ces denrées abîmées pour pondre leurs œufs.​

 

Une activité dépendante de la température
La chaleur à l’intérieur des locaux et silos de stockage favorise l’apparition des insectes.

Notons toutefois qu’une température ambiante inférieure à 15°C ralentit le cycle de développement chez un bon nombre de ces espèces (température difficilement atteignable dans les espaces non ventilés compte tenu du climat au Maroc).​

​Si l’infestation n’est pas identifiée très tôt, un phénomène de masse se déclenche avec l’apparition de centaines de milliers d’individus qui doivent être donc contrôlés avec une action insecticide et une surveillance renforcée.​

 

La solution : la protection INTÉGRÉE
C’est l’approche professionnelle IPM (Integrated Pest Management) qu’il faut privilégier en appliquant de façon rationnelle une combinaison de moyens de lutte pour éloigner les nuisibles, ou maintenir la présence des insectes à un niveau négligeable.
Ces techniques se répartissent sur 3 volets distincts :​​

1 - LA PREVENTION : 
Nettoyage des locaux : afin de débarrer tous les résidus. Bien souvent, un dépoussiérage au moment de l’arrêt (ou du transilage), accompagné d’une élimination des déchets, et d’un nettoyage du matériel, des parois et des circuits de ventilation permettent à eux seuls de diminuer fortement le risque d’apparition des ravageurs. D’où l’importance d’un vide sanitaire programmé. Le nettoyage des grains durant le process de stockage est aussi utile pour éliminer les insectes secondaires.​

La ventilation de refroidissement : la maîtrise de la température  garantit  une denrée protégée des moisissures avec une teneur en eau en dessous  du seuil recommandé (15% pourle blé par exemple).​

2 - LE MONITORING : 
Le contrôle en temps réel de la température de stockage et de l’humidité relative pour limiter toute condition favorable pour les IPS. Le recours à un thermostat piloté est le plus pratique.​
Le prélèvement des denrées à l’arrivée (échantillonnage avant entrée en stock) pour vérifier la teneur en eau des grains, l’aspect visuel et le poids. Ces indicateurs 
peuvent donner une tendance.​
Les systèmes de capture des insectes (moniteurs non-chimiques) permettent de diffuser un attractif (alimentaire ou sexuel) afin de piéger les espèces nuisibles introduites accidentellement. Citons par exemple le piège LEPI FUNNEL avec phéromone attractive sur les lépidoptères, ou le MASTERBOX INSECT permettant la capture sur plaque collante d’une grande variété de coléoptères.​                                                     

​3 - L’ACTION CURATIVE EN CAS D’INFESTATION :​
La méthode chimique liquide : la plus conventionnelle et la plus pratiquée dans bon nombre d’organismes de stockage au Maroc. Elle consiste en la diffusion par pulvérisation ou ULV  (nébulisation bas volume) d’un insecticide homologué pour la protection longue durée des grains (ex : K-OBIOL, ACTELLIC…). Pour être efficace, elle doit se faire lors du transilage (sur les rampes ou au moment de la chute des grains dans les silos) afin de couvrir les denrées stockées de façon homogène.​
La diffusion de gaz est assurée par des sociétés hautement spécialisées et agrées par l’ONSSA car il s’agit de diffuser par réaction physico-chimique un gaz hautement actif, très pénétrant, dans une atmosphère hermétique. Ce gaz présente l’atout de ne laisser aucun résidus au-delà des LMR (Limite Maximales de Résidus). On parle ici de FUMIGANTS (PH3 : phospure d’aluminium ou de magnésium) dont l’utilisation est très répandue mondialement car ils assurent une désinsectisation efficace sur larves et adultes, même sur le stock « en place », les bags entreposés ou les denrées déjà emballées!​
La désinsectisation par actif végétal avec le PYREGREEN : cette formulation à base de pyrèthre naturel sans synergisant est très recommandée pour les zones de stockage (vides). C’est l’atout numéro 1 des professionnels pour son action choc sans résidus toxiques (photodégradable).
Facilement applicable par pulvérisation, nébulisation et même thermo-nébulisation combiné au solvant GMP, cet insecticide est efficace sur les formes apparentes d’insectes des denrées stockées.
La méthode biologique : agit sur la durée et ne donnera aucun effet CHOC tant désiré par les industriels! Cette méthode respectueuse de l’environnement repose sur les insectes auxiliaires qui sont lâchés dans les zones infestées et s’attaquent exclusivement aux œufs et larves des IPS en les parasitant ou en les dévorant! Une technique déjà utilisée en milieu agricole mais qui est sans doute la moins fréquente en hygiène publique.​
La voie physique : consiste à opérer une montée en température progressive dans les espaces à désinsectiser. En dépassant les 50 degrés durant une période de plusieurs heures, il est laissé peu de chances aux insectes de survivre, quelque soit le stade de développement (œuf, larve, adulte). Une technique non-chimique, redoutable d’efficacité, mais gourmande en énergie et lourde à mettre en place car le bâchage hermétique préalable des installations est la clé de réussite du traitement. Quant au refroidissement prolongé, il est inefficace car il faudrait 12 semaines de traitement continu à -5°C pour venir à bout de certaines espèces!​

En conclusion :​
Une technique seule n’a que peu de chances de contrôler les espèces nuisibles sur la durée. C’est pourquoi l’approche IPM prône la combinaison des méthodes ainsi que le suivi régulier de l’efficacité. Un partenariat actif doit donc s’établir entre l’industriel ou l’organisme stockeur, et le prestataire de lutte anti-nuisibles, avec notamment la mise en place d’une fréquence d’intervention et de contrôle adaptée au risque.​
Enfin, retenons que tous les coléoptères dans la nature ne sont pas nuisibles, loin de là, et certains peuvent aussi accidentellement pénétrer par les ouvertures compte tenu du réchauffement climatique qui s’accentue, mais sans poser de risques aux denrées entreposées (ex : punaise des bois, certaines espèces de scarabées tels que hanneton et tropinota…). Il s’agit donc de poser le bon diagnostic dès le départ!​